Octobre Rose : ce que vous ne saviez pas
Octobre Rose est une campagne annuelle de sensibilisation au cancer du sein qui a vu le jour aux Etats-Unis (Breast Cancer Awareness Month) en 1985 et a fait sa première apparition en France en 1994, (portée par les associations « Ruban Rose » et « Le cancer du sein, parlons-en ! » pour ne citer qu’elles) qui s’étend sur la période du 1er au 31 octobre. L’objectif est de conscientiser le grand public par rapport au cancer du sein, promouvoir le dépistage précoce et récolter des fonds pour la recherche. Durant ce mois, de nombreuses actions sont mises en place comme l’illumination en rose de certains monuments historiques pour marquer symboliquement l’engagement collectif, des conférences, des ateliers, des évènements etc. L’enjeu principal est d’apprendre à détecter le cancer à un stade précoce avec un taux de guérison à 90%
Malgré une campagne de sensibilisation très importante et très présente dans le quotidien, il existe des zones d’ombre qui mériteraient d’être mises en lumières.
Voici quelques faits peu connu ou méconnus sur Octobre Rose et le cancer du sein :
1/ Les hommes aussi peuvent développer un cancer du sein
Finalement même les pectoraux ne sont pas à l’abri… Même si l’expression « cancer du sein » évoque spontanément la féminité, les hommes aussi peuvent être touchés. Certes, cela représente moins de 1 % de l’ensemble des cancers du sein mais le risque n’est pas inexistant. Selon les données du CDC (Centers for Disease Control and Prevention), environ 1 homme sur 833 développera un cancer du sein au cours de sa vie.
Le cancer se forme de la même manière que chez les femmes : les cellules anormales apparaissent dans les canaux mammaires et peuvent ensuite s’étendre. Le paradoxe, c’est que les hommes possèdent bien des tissus mammaires, simplement moins développés ce qui rend parfois la détection plus tardive.
Le manque d’informations à ce sujet explique pourquoi le diagnostic survient souvent à un stade avancé. Beaucoup d’hommes ne soupçonnent même pas qu’ils peuvent être concernés. Pourtant, les symptômes sont les mêmes.
2/ Le sein gauche est plus souvent touché que le sein droit
Le sein gauche est 5 à 10 % plus souvent concerné que le droit, selon plusieurs études épidémiologiques. Et personne ne sait vraiment pourquoi. Les chercheurs ont émis plusieurs hypothèses, mais aucune n’a encore réussi à faire consensus. Certains avancent que le sein gauche contient en moyenne un peu plus de tissu glandulaire, donc légèrement plus de cellules susceptibles de muter. D’autres pointent du doigt la proximité du cœur ; et donc une possible exposition accrue aux radiations naturelles ; tandis que d’autres encore évoquent simplement un hasard biologique amplifié par les statistiques.
Dans une étude publiée dans le British Journal of Radiology, les scientifiques notent que cette asymétrie pourrait aussi être liée à des facteurs hormonaux ou développementaux pendant la croissance du fœtus. En clair, notre côté gauche pourrait être un peu plus « bavard » sur le plan cellulaire.
Mais l’explication la plus inattendue est que certains cliniciens ont remarqué que les femmes droitières ont tendance à palper plus souvent le sein droit ce qui favoriserait une détection plus précoce à droite qu’à gauche. Résultat : le sein gauche serait statistiquement plus souvent diagnostiqué à un stade plus avancé.
Même si le mystère reste entier, cette petite asymétrie vient nous rappeler que la vigilance doit être bilatérale.
3/ Le cancer du sein n’est pas le plus mortel pour les femmes
Le cancer du sein n’est pas la première cause de mortalité chez les femmes. Ce triste record revient… aux maladies cardiovasculaires (infarctus, AVC, hypertension etc.) Selon l’OMS, elles représentent près d’un tiers des décès féminins dans le monde, contre environ 7 % pour le cancer du sein.
C’est donc le cœur, et non les seins, qui reste le plus grand tueur silencieux des femmes.
Ce qui est fascinant, c’est que la peur du cancer est souvent bien plus forte que celle des maladies cardiovasculaires, même si ces dernières sont plus fréquentes, souvent évitables et parfois moins bien diagnostiquées chez les femmes. Comme l’explique la cardiologue française Dr. Claire Mounier-Vehier, “les femmes craignent surtout le cancer du sein, alors qu’elles ont huit fois plus de risques de mourir d’un infarctus”.
Mais cela ne veut pas dire que le cancer du sein n’est pas un enjeu majeur. C’est le cancer le plus fréquent chez les femmes dans le monde (plus de 2,3 millions de nouveaux cas chaque année selon le Centre international de recherche sur le cancer), et il reste la première cause de mortalité par cancer chez elles.
Simplement, il partage aujourd’hui la scène avec un adversaire souvent oublié : le cœur.
Cette comparaison rappelle que la santé féminine ne se résume pas à une seule cause, mais à un spectre complet de prévention : alimentation, activité physique, dépistage, santé mentale, sommeil…
4/ Seulement 5 à 10% des cancers du sein sont héréditaires
La grande majorité des cancers du sein ne sont pas liés à une cause génétique. En réalité, seuls 5 à 10 % des cas sont dits héréditaires, c’est-à-dire directement liés à une mutation transmise par les parents. Autrement dit, avoir une tante, une sœur ou une mère atteinte n’implique pas forcément qu’on sera concerné·e à son tour. Le risque familial existe, mais il ne représente qu’une petite fraction des diagnostics.
Le reste dépend d’une multitude de facteurs : âge, mode de vie, hormones, environnement, ou tout simplement hasard biologique. Le Dr. Susan Domchek, spécialiste de la génétique du cancer, résume la situation en disant : “Les gènes chargent l’arme, mais c’est la vie qui appuie sur la gâchette.” C’est pourquoi, même sans antécédents familiaux, le dépistage reste essentiel pour toutes les femmes et même pour certains hommes.
5/ Il existe plusieurs types de cancer du sein
Quand on parle de « cancer du sein », on a tendance à l’imaginer comme une seule et même maladie. En réalité, il s’agit d’un ensemble de cancers très différents, qui ne se développent pas tous au même endroit, ne réagissent pas de la même façon aux traitements et n’ont pas le même pronostic.
Les plus fréquents sont les carcinomes canalaires (environ 80 % des cas), qui prennent naissance dans les canaux galactophores (qui transportent le lait). Viennent ensuite les carcinomes lobulaires (10 à 15 %), qui se forment dans les lobules, les glandes productrices de lait. Mais il existe aussi des formes beaucoup plus rares et souvent méconnues, comme le carcinome mucineux, le carcinome médullaire, ou encore le cancer inflammatoire du sein, particulièrement agressif.
Chaque type a sa personnalité, son comportement biologique et ses sensibilités au traitement. C’est un peu comme si le mot “cancer du sein” regroupait plusieurs “langues” d’une même famille avec des accents, des nuances et des réponses médicales très différentes.
Cette diversité explique pourquoi les traitements sont de plus en plus personnalisés : aujourd’hui, la recherche vise à comprendre le profil biologique exact de chaque tumeur, pour proposer la thérapie la plus efficace possible.
6/ Au début, Octobre Rose n’était pas rose
Le tout premier ruban de sensibilisation au cancer du sein, imaginé en 1991 par une Américaine nommée Charlotte Haley, était de couleur pêche. Elle en fabriquait à la main et les distribuait avec un petit message dénonçant le manque de financement public pour la recherche sur le cancer du sein : « Le budget annuel du National Cancer Institute pour la prévention du cancer est de 1,8 milliard de dollars. Seulement 5 % vont à la prévention. Aidez-nous à réveiller nos législateurs et l’Amérique en arborant ce ruban. »
Son initiative, artisanale et militante, visait à secouer les consciences plutôt qu’à séduire les médias. Mais l’idée a inspiré Alexandra Penney, rédactrice en chef du magazine Self, et Evelyn Lauder, vice-présidente d’Estée Lauder, qui voulaient lancer une campagne nationale. Charlotte Haley a refusé de collaborer, craignant que sa cause ne soit récupérée par le marketing. Pour contourner les droits liés à son ruban pêche, les deux femmes choisirent donc une autre teinte : le rose.
Et ce changement allait tout bouleverser : la couleur pêche, symbole de colère douce et de revendication, devint un rose plus clair, perçu comme chaleureux, rassurant et universel. Le message militant s’est adoucit, mais a gagné en portée mondiale.
Aujourd’hui, le ruban rose flotte sur les mairies, les stades, les réseaux sociaux… et plus personne ne se doute qu’il a commencé sa vie dans la cuisine d’une femme, armée d’une bobine de ruban pêche et d’un immense courage.
Derrière le rose du mois d’Octobre, il y a bien plus qu’une couleur : une histoire, des débats, des symboles mais aussi des stratégies de communication qui ont façonné un véritable phénomène sociétal. Du ruban pêche cousu à la main par Charlotte Haley aux campagnes d’influence internationales, Octobre Rose illustre à quel point la communication peut changer la perception d’une cause, mobiliser et inspirer.
Mais cette puissance s’accompagne d’une responsabilité. Entre émotion, marketing et engagement, la frontière peut être fine : certaines marques l’ont franchie avec sincérité, d’autres ont parfois versé dans le pinkwashing. C’est précisément là que se joue le défi d’une communication responsable et consciente de son impact.
À ce titre, Octobre Rose est un cas d’école pour les étudiant.e.s de l’ECITV. Il permet d’aborder concrètement les grands enjeux du marketing d’engagement : comment intégrer une cause dans une stratégie de marque sans la dénaturer ? Comment construire un storytelling sincère et porteur de sens ? Comment faire du contenu audiovisuel un vecteur d’émotion et de mobilisation collective ? En conjuguant stratégie, créativité et éthique, les étudiant.e.s de l’ECITV apprennent justement à manier ces leviers du brand content au co-branding, en passant par les campagnes d’influence et les formats audiovisuels engagés.
Parce que la communication, quand elle est bien pensée, peut être un acte de solidarité autant qu’un message
